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Par TF1 News (Avec agence), le 30 mai 2010 à 09h36, mis à jour le 30 mai 2010 à 09:42 

Pour succéder au président Uribe, les Colombiens choisiront-ils la continuité avec Santos, symbole de la fermeté contre les Farc, ou l'excentrique Mockus, candidat du Parti vert ? Le premier tour de la présidentielle a lieu ce dimanche.

A gauche : Antanas Mockus ; à droite : Juan-Manuel Santos (montage
photo)A gauche : Antanas Mockus ; à droite : Juan-Manuel Santos (montage photo) © AFP / R. Arangua / J. Barreto

Prés de 30 millions de Colombiens sont appelés ce dimanche aux urnes pour le premier tour d'une présidentielle destinée à choisir le successeur du président Alvaro Uribe, l'un des plus populaires d'Amérique latine, mais au bilan en matière de droits de l'homme de plus en plus contesté. Neuf candidats sont en lice. Mais depuis mi-avril seuls deux caracolent en tête, loin devant les autres, avec plus de 30% des intentions de vote selon les sondages, qui prévoient un second tour presque assuré, le 20 juin.

Juan-Manuel Santos, 58 ans, incarne la continuité de la politique de fermeté contre la guérilla des Farc menée par Alvaro Uribe, au pouvoir depuis 2002. Membre du Parti social d'union nationale (Partido de la U, droite), il exhibe un curriculum d'homme préparé, ayant occupé trois ministères (Trésor, Commerce extérieur, Défense). Il n'a jamais été élu mais compte des réseaux dans les classes dirigeantes dont il est issu, y compris aux Etats-Unis et en Europe. Il affiche les réussites du gouvernement sortant : retour des investisseurs, croissance retrouvée. Il prône la "prospérité démocratique", assurant qu'il s'attaquera au chômage touchant près de 13% de la population dont 46% vit sous le seuil de pauvreté. Il paie cher cependant les excès de l'ère Uribe, notamment le scandale des exécutions extrajudiciaires attribuées à l'armée qui auraient pu faire jusqu'à 3000 victimes.

"La vie est sacrée"

Il est talonné par Antanas Mockus, 58 ans également, candidat du Parti vert. Incarnant le changement, cet ex-maire de Bogota (1995-1997 et 2001-2003) est la surprise de la présidentielle. Mathématicien fils d'émigrés lituaniens qui n'avait obtenu que 1,2% des voix lors de la présidentielle de 2006, il aurait séduit beaucoup d'électeurs en promettant de changer radicalement la "culture du narcotrafic" en Colombie, gangrenée par la violence. "La vie est sacrée", répète-t-il, en promettant aussi de prendre soin des fonds publics pour ramener plus d'équité dans le pays.

Juan-Manuel Santos, donné largement en tête début mars, a dû revoir le 4 mai toute sa stratégie face à l'ascension fulgurante d'Antanas Mockus, qui l'a même détrôné en passant en quelques semaines de moins de 10% des intentions de vote à 38,7%. Il a changé brutalement son équipe, son logo et même la couleur de ses affiches. Face à lui, Mockus, surpris lui-même par un tel succès, apparaît "anti-establishment sans être antisystème", et à cet égard il est rassurant, explique un diplomate étranger. En choisissant comme symboles la fleur de tournesol, la Constitution et un crayon emblématique de l'éducation, Mockus a attiré à lui les jeunes électeurs, les citadins et les classes moyennes. Et il apparaît comme plutôt sympathique : il défraie la chronique avec son collier de barbe, ses discours ponctués de références philosophiques et une réputation d'excentricité - pendant ses cours à l'université, il lui arrivait de faire tomber brutalement son pantalon pour capter l'attention des étudiants distraits, qui bavardaient dans leur coin. Mais sa réputation va bien plus loin. Outre le fait qu'il a imposé une marque d'honnêteté durant ses deux mandats à la mairie de la capitale, on le crédite d'avoir su faire reculer une criminalité qui battait des records.

Le résultat final dépendra de la mobilisation de chaque camp - classes aisées citadines pour Mockus, les moins favorisés pour Santos - et des reports de voix au second tour. Lors du dernier débat télévisé opposant les candidats, vendredi, Juan-Manuel Santos est apparu sur la défensive, accusant ses rivaux de jouer au "Tocosan" (tous contre Santos), en l'associant aux plus sombres chapitres des huit ans au pouvoir du président sortant. De nombreux morts qui pèsent sur le bilan de Santos lorsqu'il était ministre de la Défense, même s'il reste populaire pour avoir été l'homme qui a donné le feu vert à l'opération militaire Jaque, dans laquelle 15 otages des Farc ont été libérés, dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt, le 2 juillet 2008.

Par TF1 News (Avec agence) le 30 mai 2010 à 09:36