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Les Cubains, inquiets pour l'avenir, célèbrent 50 ans de Révolution

La modeste cérémonie du cinquantenaire de la Révolution a été pour certains Cubains à l'image des graves difficultés économiques de l'île communiste et des temps durs annoncés par le frère et successeur du "Comandante", Raul Castro. 

 
Discours, danse et images d'archives du "Lider Maximo": c'est une cérémonie sans faste ni chefs d'Etat de pays "alliés" qui s'est déroulée jeudi soir au parc Cespedes de Santiago de Cuba (sud-est), là où Fidel Castro avait proclamé il y a cinquante ans le "début de la révolution".

Luis Duano n'a de toute façon pas vraiment le coeur à la fête. Ce technicien en ingénierie civile, qui doit faire le taxi sur sa bicyclette pour gagner sa vie, est inquiet de l'avenir et du "chaos économique" cubain.

Il ne croit pas que Raul Castro, qui a pris la relève de son frère malade en juillet 2006 et qui a promis des "changements structurels", puisse redresser la situation dans ce pays où le salaire moyen est de 20 dollars par mois.

"Raul a annoncé qu'on devait se serrer la ceinture, mais je crois que les choses au lieu de s'améliorer vont encore s'aggraver", lance cet homme de 43 ans au milieu d'une rue de Santiago, deuxième ville du pays et berceau de la révolution castriste.

C'est à Santiago de Cuba, le 26 juillet 1953, que Fidel Castro, son frère Raul et une centaine d'hommes armés, opposés à Fulgencio Batista qui avait pris le pouvoir par un coup d'Etat un an plus tôt, ont lamentablement échoué à prendre d'assaut la caserne de Moncada.

Condamné à la prison, puis amnistié et auto-exilé au Mexique, Fidel Castro a débarqué en décembre 1956 avec 81 hommes, dont Raul et Ernesto "Che" Guevara, dans ces régions orientales pour mener une guérilla.

Batista a pris la fuite à l'étranger pendant les fêtes du Nouvel an de 1959 et Fidel Castro a pu proclamer la victoire de la révolution depuis Santiago de Cuba, avant de se mettre en route pour La Havane, qu'il rejoindra le 8 janvier.

Cinquante ans plus tard, la Révolution suscite des sentiments partagés à Santiago comme dans le reste du pays où les conditions de vie sont difficiles.

"La situation est très mauvaise, nos salaires ne nous permettent pas de vivre. Plusieurs erreurs ont été commises, et dire la vérité ne veut pas dire que je suis contre le système", affirme Joel Romero, 41 ans.

Ce technicien dans le secteur de la santé assure avoir abandonné son travail parce qu'il ne touchait que 270 pesos (10 dollars) par mois, et ce afin de se reconvertir dans l'élevage de porcs.

Fidel Castro, 82 ans, est le grand absent des festivités, même si son portrait se retrouve un peu partout sur ces banderoles ou affiches à la gloire de la Révolution installées dans les rues de cette ville de 500.000 habitants.

"C'est dommage qu'il ne soit pas là, qu'il soit malade, j'aimerais qu'il ne meure jamais, mais entre Fidel et Raul, il n'y a de toute façon pas de différence", estime Marilu Reyes, 56 ans, qui travaille comme préposée à l'entretien dans le parc Cespedes.

Pendant ce temps, Raul Castro est monté sur la tribune pour appeler les Cubains à "résister à l'ennemi" américain et à leur embargo, et à faire face à des temps qui s'annoncent "peut-être encore plus difficiles".

"La Révolution nous a beaucoup donné. Je suis communiste, mais il est temps qu'il y ait des changements économiques", assure Pedro, 65 ans.

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Acrerune | 1/2/2009
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