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Le «Diplo» non grata en Amérique

Etats-Unis. Les autorités américaines ont dérouté un vol Air France à cause d’un journaliste du «Monde diplomatique» jugé indésirable. HÉLÈNE DESPIC-POPOVIC

Le samedi 18 avril, le commandant de bord explique aux passagers du vol Paris-Mexico d’Air France que leur appareil n’est pas autorisé à survoler le territoire américain. Parce qu’une personne, qu’il ne nomme pas, «pose un problème pour leur sécurité nationale».

«Terroriste». Le journaliste franco-colombien Hernando Calvo Ospina, en transit pour le Nicaragua où le Monde diplomatique l’envoie couvrir le 30e anniversaire de la révolution, n’imagine même pas qu’il peut être cette personne. Il s’est déjà rendu aux Etats-Unis il y a quelques années. «Dans l’avion, raconte-t-il avec humour sur son site, les passagers se demandent qui peut être ce "terroriste". Deux d’entre eux concluent qu’il ne peut y en avoir puisque "personne n’avait la tête d’un musulman".» «Quand le copilote l’a informé à voix basse qu’il était responsable du détournement de l’avion, forcé d’aller en Martinique refaire le plein, Hernando est tombé des nues», raconte le rédacteur en chef du Diplo, Maurice Lemoine. Le journaliste colombien, écrivain engagé contre le gouvernement d’Alvaro Uribe, figurait sans le savoir sur la «No Fly List» (Interdits de voler) de la TSA (Transport Security Administration), créée après les attentats du 11 Septembre dans le cadre des mesures sécuritaires de l’administration Bush. Washington a réussi à obtenir de Bruxelles que les compagnies européennes communiquent à la TSA la liste de leurs passagers en partance pour les Etats-Unis.

Correspondance. A son arrivée à Mexico, avec quelques heures de retard, le journaliste est interrogé par des policiers qu’il décrit comme «aimables et corrects», puis est autorisé à prendre sa correspondance pour Managua. «Il a été interrogé à la demande des autorités américaines. Parce qu’il est colombien, journaliste et exilé politique. Il a certes rencontré des dirigeants des Farc, mais moi aussi et j’ai pu aller aux Etats-Unis sans problème», s’indigne Maurice Lemoine. L’affaire a aussi ému Air France, dont c’est la première fois qu’un vol est ainsi dérouté. La compagnie «étudie les voies de recours» car cet avion-là ne devait pas se poser sur le sol américain, mais simplement le survoler.

Acrerune | 4/25/2009
KarmaOS