[...] Honduras: les États-Unis complices? Telle est l'accusation portée ce week-end par Patricia Valle, sous-ministre des Affaires étrangères de Manuel Zelaya, président de gauche déposé à la fin de juin par un putsch militaire mené avec la complicité des juges et des députés honduriens, soutenus par l'oligarchie traditionnelle.

Selon elle, l'avion qui a transporté Zelaya hors du Honduras après son expulsion manu militari a fait une escale technique sur une base américaine en territoire national, avant de le transporter au Costa Rica. Et les quelque 500 soldats américains présents n'ont alors rien fait pour stopper l'avion... d'où l'accusation de Mme Valle.

Pourtant, les États-Unis ont dénoncé le coup d'État et suspendu leur aide économique à Tegucigalpa peu après le putsch. Si la thèse de la «main de Washington» reste peu crédible -- Zelaya lui-même l'a rejetée ce week-end -- on comprend cependant la perplexité, voire le sentiment de révolte, de plusieurs devant le peu d'efficacité des condamnations qui, depuis le week-end du 27 juin, sont restées impuissantes face au renversement d'un président élu.

Le Costa Rica de l'ex-président Oscar Arias a bien tenté, au début de juillet, une médiation pour favoriser le retour de Zelaya, mais sans résultat devant l'intransigeance des putschistes. Le reste du monde désapprouve mais n'est pas prêt pour autant à forcer la main des usurpateurs. D'autant que ces derniers ont eux-mêmes promis le retour rapide à un gouvernement civil et régulièrement élu, dès le début de 2010.

Il n'empêche: si les putschistes honduriens l'emportent à l'usure et que ce déni du droit reste impuni, un arrière-goût amer subsistera. Cela confortera le cynisme de ceux qui soutiennent que dans ces pays profondément inégalitaires, soumis à des élites traditionnelles égoïstes et méprisantes, la démocratie ne veut rien dire. [...]

Le Devoir, François Brousseau.

Je souhaite faire quelques remarques à propos de votre paragraphe sur le Honduras:

"Manuel Zelaya, président de gauche"

Manuel Zelaya n'est pas un président de gauche, c'est un populiste élu sur un programme de droite, qui a vu tout l'intérêt personnel qu'il aurait a épousé les causes d'Hugo Chavez. Le négoce était alléchant dans un pays oublié par l'administration Bush, et les pétrodollars chavistes ont afflué sans pour autant améliorer le quotidien du peuple Hondurien, puisque la seule grande mesure du gouv. Zelaya, l'augmentation à l'emporte-pièce de plus de 30% du salaire minimum, repose entièrement sur les entreprises. Mais il y avait des contre-parties à la manne bolivarienne: changements idéologiques, lutte à demi-mot contre l'empire, éducation sous l'influence de 6000 maitres cubains, acceptation du survol et de l'atterrissage d'avions narcos... Les choses en seraient sans doute restées là si Zelaya n'avait eu l'idée de se perpétuer au pouvoir en suivant les ordres et le modèle de Chavez. Le sondage qu'il s'est entêté à vouloir réalisé, en allant chercher par la force, avec un millier de ses partisans, les urnes made in Venezuela dans un cartel, alors que ce sondage avait été déclaré illégal, sont un signe de sa détermination. On peut tergiverser sans fin sur l'inocuité d'un tel sondage, non constituant, mais c'est ignorer les réalités de l'Amérique Latine dont on a d'ailleurs un exemple ici... Fort de son succès populaire à cette enquête, les résultats étaient connus d'avance, Mel Zelaya aurait changé la constitution dans la foulée... pour se représenter aux présidentielles, ce qu'il ne peut normalement pas faire. Sinon, pourquoi cette hâte à instaurer cette enquête, la cuarta urna en juillet, alors que les présidentielles approchent? Pourquoi Zelaya s'est-il considéré au dessus des lois de son pays en forçant les portes d'un cartel, en imposant son sondage? N'aurait-il pas continué sus sa lancée, bafouant les différents organes du pouvoir n'étant pas de son côté? Bizarrement, cet aspect n'est pas mis en lumiére dans les articles. Il est pourtant le facteur déclenchant.

un putsch militaire mené avec la complicité des juges et des députés honduriens/usurpateurs.

Il s'agit effectivement d'un coup de force civico-militaire. Les militaires étant l'instrument du congrés. C'est sans nul doute la pire des solutions, prise dans la hâte, maladroite, à la destitution d'un président ayant rompu l'ordre constitutionnel, mais existait-il une autre manière? Pour les démocraties occidentales, oui, mais dans la réalité hondurienne? Je laisse la question en suspens, ça s'est malheureusement passé comme ça.
En revanche, je ne vois pas en quoi les juges et députés sont complices, ils sont les représentants officiels de la loi, en l'absence, même voulue et forcée, du président, les institutions d'état ont pris le relais et ont fonctionné. Le congrès comme il se doit, à fait élire un président intérim. A aucun moment les militaires n'ont été aux commandes.

l'intransigeance des putschistes.

Mais comment voulez-vous qu'il en soit autrement? la majorité du peuple hondurien ne souhaite pas le retour de Zelaya. Et comment vouloir le retour d'un président accusé de trafics de drogue et de corruption et qui en outre appelle à l'insurrection et prépare des milices "pacifiques" à la frontière du Nicaragua. Du reste je me demande s'il a vraiment envie de rentrer... Les dernières manifestations ont mis à sac la capitale, discréditant un peu plus le président déchu. Je tiens d'ailleurs à préciser, pour l'avoir vécu, que les manifestants pro-zelaya reçoivent un salaire, "para el fresco" comme on dit... (je raconterais ca ailleurs...)

D'autant que ces derniers ont eux-mêmes promis le retour rapide à un gouvernement civil et régulièrement élu, dès le début de 2010.

Nous attendons tous ces élections qui marqueront un retour à la normale dans le pays. Les candidats en lice sont connus depuis longtemps, bien avant les destitution de Mel. Je ne vois donc pas en quoi ces prochaines élections n'auraient pas de validité, elles ne sont pas le fait du gouvernement intérimaire actuel.

la démocratie ne veut rien dire.

Je crois au contraire que la démocratie signifie beaucoup, et qu'elle a été sauvée au Honduras. Cuba et Vénézuela ne sont pas des démocraties: leurs dirigeants jouent avec les limites de celle-ci. Ça peut avoir les apparences d'une démocratie, mais si le peuple est pris en otage?
De cette expérience, je souhaite que le Honduras saisisse l'importance d'être vigilant et d'avoir une conscience politique. Certes les politiques au pouvoir volent et sont corrompus, mais est-ce une fatalité? Est-ce une raison pour laisser faire?

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