Samedi 27 juin, 14h35

Debora Rey

A la fin de la campagne électorale en Argentine, l'ex-président et patron du parti péroniste Néstor Kirchner, tête de liste de la majorité gouvernementale, ne décollait pas dans les sondages face à son rival Francisco De Narváez. Une course qui symbolise l'incertitude régnant à la veille des législatives de dimanche: la présidente Cristina Fernández et son époux jouent leur majorité au Congrès, mais aussi leur avenir politique.

Les Argentins sont appelés à renouveler la moitié des 257 sièges de la Chambre des députés et un tiers des 67 sièges du Sénat. Dans les deux chambres, le tandem remet sa majorité en jeu, les derniers sondages donnant le Front pour la victoire, comme se désigne le courant "kirchneriste" du Parti justicialiste (péroniste), au coude à coude avec la coalition de droite Unión-PRO, qui compte nombre de péronistes dissidents.

Le Front, rassemblé autour du couple Kirchner, devrait faire un moins bon score que lors des dernières législatives en 2005, mais aussi qu'à la présidentielle de 2007, remportée par Cristina Fernández avec plus de 40% des voix.

Conscient que la bataille semblait d'ores et déjà perdue dans des circonscriptions importantes, comme la ville de Buenos Aires, antipéroniste de toujours, ou les provinces de Santa Fe, Córdoba et Entre Ríos, le couple Kirchner, bien qu'originaire de Patagonie, a jeté toutes ses forces pour faire campagne dans la province de Buenos Aires, principale circonscription électorale du pays et poids lourd national. Elle représente 37% de l'électorat et 20 sièges de députés y sont en jeu.

L'ex-président (2003-2007), désormais patron du parti justicialiste, y est donc tête de liste, escorté par d'autres candidats de prestige, comme le puissant gouverneur de la province Daniel Scioli et la plupart des maires de la "ceinture" de municipalités populaires des faubourgs de Buenos Aires.

Mais il est menacé par un adversaire de poids, l'homme d'affaires De Narváez, milliardaire charismatique et dissident du péronisme, allié aux ennemis des Kirchner.

Clôturant jeudi soir sa campagne par un meeting à La Matanza, ville populaire et bastion du péronisme de la province de Buenos Aires, Kirchner s'est engagé à "mettre ses forces au service de tous les Argentins" et à "lutter pour les mêmes principes que toujours". Et d'accuser ses rivaux de vouloir remettre en vigueur les politiques néolibérales des années 90.

La présidente arrive à mi-mandat avec un taux d'impopularité inhabituellement élevé, lié au conflit dur avec le secteur agricole, à l'ingérence constante de son époux et prédécesseur, à ses prises de bec constantes avec la presse, à son goût du pouvoir et à l'hémorragie vers les rangs de l'opposition de nombre de ses alliés...

Kirchner a donc fait de ces législatives un référendum pour ou contre la gestion de son épouse: il s'agit de choisir entre accompagner le "modèle" ou retourner au "chaos".

Pour l'analyste politique Luis Tonelli, Buenos Aires est donc "la mère de toutes les batailles". Car, estiment la plupart des observateurs, si Kirchner perd, le pouvoir du couple se diluera, mettant en danger leur avenir politique: soit à la fois leurs chances de garder la présidence en 2011 et la direction du mouvement péroniste, qui n'en est plus à une crise près. AP

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Les législatives argentines, pour ou contre les Kirchner