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Honduras
Manuel Zelaya tente un passage en force par Frédérique Misslin

Article publié le 26/06/2009 Dernière mise à jour le 28/06/2009 à 07:27 TU
La tension monte au Honduras autour du projet de réforme de la Constitution. Le président Zelaya envisage une consultation populaire pour modifier la loi fondamentale ; cette révision constitutionnelle lui permettrait de briguer un nouveau mandat. Le Parlement et la Cour suprême s’opposent à ce référendum et l’armée s’est rangée à leurs côtés. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s'est dit préoccupé vendredi, de même que le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Jose Miguel Insulza.
Certains parlent déjà de tentative de coup d’Etat, d’autres d’une éventuelle procédure de destitution contre le président Zelaya : le Honduras est secoué par vrai séisme politique.

A l’origine de cette agitation : le projet de réforme constitutionnel du chef de l’Etat. Manuel Zelaya a été élu en 2006 pour un mandat de 4 ans non renouvelable. Il a récemment décidé d’organiser un référendum pour s’engager dans un processus de révision de la Constitution, ce qui lui permettrait de se représenter ultérieurement.

Le Congrès et la justice estiment que cette consultation est hors la loi et l’armée a rejoint la fronde. Cette semaine, le chef d’état major général, le général Romeo Vasquez a refusé d’ordonner à ses hommes de distribuer le matériel électoral pour le scrutin qui est prévu dimanche 28 juin. Le Président Zelaya a immédiatement limogé le général et accepté la démission d’autres militaires de haut rang ainsi que celle du ministre de la Défense. La destitution du chef d’état major « a violé les garanties constitutionnelles », affirme de son côté la Cour suprême, elle ordonne au Président de réintégrer le général Vasquez, mais le chef de l’état hondurien refuse de se soumettre à cette décision.

Passage en force

Manuel Zelaya n’a pas l’intention de lâcher prise et argumente : il doit avoir les coudées franches pour lutter contre la pauvreté au Honduras, qui touche 7 personnes sur 10, et selon le chef de l’Etat l’actuelle constitution ne lui donne pas les moyens de ses ambitions. Il persiste donc à vouloir organiser dimanche un vote pour demander aux électeurs s’ils sont d’accord pour entamer le processus de révision constitutionnelle.

Concrètement, des élections générales sont prévues le 29 novembre prochain (présidentielles législatives et municipales), le chef de l’Etat propose que ce scrutin soit couplé avec un référendum. Dimanche prochain, les Honduriens doivent dire s’ils veulent bien de « cette quatrième urne » aux prochaines élections. Ce programme a soulevé un vague de protestation dans l’opposition, mais aussi au sein de la formation présidentielle, le parti libéral. Le Président du Congrès Roberto Micheletti, membre du parti au pouvoir a dénoncé « les aspirations d’un homme tourmenté qui veut garder le pouvoir ».

Les parlementaires ont donc bloqué le projet cette semaine en adoptant une loi qui interdit « la tenue d’un référendum ou d’un plébiscite 180 jours avant ou après une élection générale ». Mais Manuel Zelaya et ses partisans ont bien l’intention d’aller jusqu’au bout. L’armée a refusé de distribuer le matériel électoral en prévision du vote de dimanche, les fidèles du chef de l’Etat sont entrés, jeudi, sur une base militaire où étaient stockées les urnes pour s’en emparer, Manuel Zelaya a participé en personne à cette action.

Sur les traces d’Hugo Chavez ?

Elu en 2006 sous l’étiquette conservatrice, Manuel Zelaya a opéré au cours de son mandat un étonnant virage à gauche. Sous sa présidence, le Honduras a renforcé ses relations avec Cuba et le Vénézuela, deux pays qui affichent clairement leur soutien au président hondurien. Hugo Chavez souhaite la destitution des militaires, Fidel Castro juge que « Zelaya n’a pas commis la moindre violation de la loi. Il n’a pas réalisé de coup de force ». Daniel Ortéga le Président du Nicaragua déplore lui « un processus de coup d’Etat technique ». L’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (Alba) apporte donc son soutien inconditionnel au « camarade José Manuel Zelaya ». Pour mettre fin à la crise, selon les analystes, le Congrès hondurien envisage d’entamer une procédure de destitution contre le président. L’Organisation des Etats américains s’inquiète de cette tension croissante au Honduras et doit discuter du dossier en urgence.

RFI http://www.rfi.fr/actufr/articles/114/article_82204.asp
Acrerune | 6/29/2009
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